Le lundi 12 novembre dernier le lycée Guist’hau accueillait Elsa Osorio, présente à Nantes dans le cadre du Festival Impressions d’Europe qui avait cette année pour intitulé « Rencontre littéraires: Río de la Plata, Argentine-Uruguay ».
Les élèves de terminale L et les élèves de 1ère et terminale qui participeront au voyage à Buenos Aires en avril prochain ont assisté à la rencontre avec intérêt. Ils avaient lu en amont le roman d’Elsa Osorio Luz ou le temps sauvage.
A veinte años, Luz (Ediciones Alba, España, 1998)
Après vingt ans d’ignorance puis de quête, Luz a enfin démêlé les fils de son existence. Elle n’est pas la petite-fille d’un général tortionnaire en charge de la répression sous la dictature argentine ; elle est l’enfant d’une de ses victimes. C’est face à son père biologique, Carlos, retrouvé en Espagne, qu’elle lève le voile sur sa propre histoire et celle de son pays.
Ainsi, nos lycéens ont posé des questions à l’auteure sur les raisons qui l’ont menée à écrire sur la dictature argentine et les bébés volés, l’accueil réservé à son roman en Argentine au moment de sa publication, la genèse des personnages ou encore la traduction française du titre. En effet, le titre espagnol A veinte años, Luz est un jeu de mots difficile à traduire en français : le roman écrit 20 ans après la dictature met en scène une jeune femme, Luz (= lumière en français), qui, à 20 ans, entreprend des recherches afin de découvrir sa véritable identité.
« No me documenté, trabajé sobre todo las emociones ».
Elsa Osorio nous a expliqué s’être très peu documentée pour l’écriture de son roman, car en 1996 on ne connaissait pas encore de cas de jeunes qui recherchaient leur identité. Le premier cas n’est apparu qu’en 1998.
« Robar chicos no es ni de derechas ni de izquierdas, es una barbaridad ».
Elsa Osorio en écrivant ce roman a voulu que les cas de bébés volés soient connus de l’opinion publique ; elle souhaitait parler aussi de la barbarie de séparer une mère de son enfant.
Elle a évoqué las Abuelas de Plaza de Mayo qui continuent à chercher les enfants et petits-enfants des personnes disparues pendant la dictature et l’Association H.I.J.O.S (acronyme de « Hijos e Hijas por la Identidad y la Justicia contra el Olvido y el Silencio ») qui milite à leurs côtés pour les droits humains. Ces deux organisations exigent que tous les responsables des crimes commis soient jugés et condamnés.
Enfin, Mme Orain l’a interrogée sur son dernier roman Double fond dont l’action se passe à Saint-Nazaire et qui a également pour thème les disparus de la dictature argentine.
A propos de la récurrence de ce thème, Elsa Osorio a déclaré : « Hablar de un desaparecido es rodear de palabras una ausencia » (parler d’un disparu c’est entourer de mots une absence).
La rencontre s’est terminée par une séance de dédicaces.
Un grand merci à :
Elsa Osorio pour sa présence au lycée Guist’hau et ses échanges avec nos lycéens
à l’Association Impressions d’Europe pour la coordination de la rencontre
et aux documentalistes Izabelle Lecerf et Catherine Guilmault pour nous avoir accueillis au CDI.
Elsa Osorio (1952)
Née à Buenos Aires, Elsa Osorio est romancière, biographe, nouvelliste et scénariste pour le cinéma et la télévision. Elle a vécu à Paris et à Madrid et réside actuellement à Buenos Aires. Elle est lauréate de plusieurs prix dont le Prix National de Littérature pour Ritos Privados et le prix Amnesty International pour Luz ou le temps sauvage. Ses romans sont largement traduits en Europe, en Asie, au Brésil…
Bibliographie sélective:
Double fond, trad. François Gaudry, éd. Métailié, 2018
La capitana, trad. François Gaudry, éd. Métailié, 2012
Sept nuits d’insomnie, trad. François Gaudry, éd. Métailié, 2010
Tango, trad. Jean-Marie Saint-Lu,, éd. Métailié, 2007