Lycée Gabriel Guist'hau

Lycée D Enseignement General – Nantes

Pays de la Loire
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Cinquième jour

Cinquième jour : le seul endroit où l’on ne voit pas l’Etna, c’est sur l’Etna. 

Le chauffeur, Sandro -oui, on est devenus intimes à tant partager de repas quasi silencieux avec 54 pioupious contemplatifs qui nous obligent à hurler (ou à susurrer à l’oreille, une fois les tympans déchirés)- Sandro, donc, nous annonce, hier soir, consterné, la neige, le froid, le blizzard et en un mot l’enfer des pôles au sommet de l’Etna. Que faire ? dirait la repasseuse. Risquer la pneumonie, les engelures, les mains à la Maurice Herzog ? Affronter les éléments déchaînés, la colère des dieux siciliens, les recours en justice de parents procéduriers ? Non. Nous avons choisi de faire face à l’hystérie frustrée d’un groupe de jeunes gens frappés par l’injustice, prêts à lancer des campagnes de presse, ou des mots clés sur les réseaux sociaux -#balancetonprof, #jourdecratere, #Etnasœur. À l’annonce d’un tel bouleversement dans le programme du séjour, la réaction ne s’est pas fait attendre : « Ah ? Ok.  » « On devait monter à l’Etna ? » « Vous auriez un comprimé pour la gorge ? »  Bouleversant.

Bref toute notre défense, nos effets de manche, nos trémolos dans la voix n’ont pas été utiles : la visite de Catane en remplacement a été acceptée dans une indifférence polie malgré l’enthousiasme de nos arguments, la promotion par affiches commandée en urgence, la quantité d’argent considérable dépensée pour acheter un petit groupe de supporters locaux surchauffés.

Catane, 2eme ville de Sicile, cité jeune et universitaire, qui ne compte aucun vestige de temples mais des lieux de spectacles en pagaille (dont un théâtre romain introuvable, voir plus loin), qui vit naitre Bellini, affronta Syracuse dans l’Antiquité et abrite un marché de pêcheurs traditionnel et inoubliable ; mais, pour vraiment la découvrir, il faut un sens de l’orientation relatif et un plan à l’échelle 1/10000000eme : cela nous a permis de parcourir une centaine de mètres en 2h en évitant la ligne droite si banale et si prisée des gens efficaces. Certes, les panneaux « centro 12km » auraient pu nous affoler mais c’était sans compter le flegme du groupe et une tolérance excessive pour les difficultés patentes de l’apprenti GPS sur patte que fut votre serviteur.

Catane donc fut notre objectif de la matinée avant de rejoindre Palerme pour s’assurer de faire fonctionner l’industrie du souvenir encombrant, laid et écologiquement discutable…après une dernière visite au supermarché du coin pour le pique-nique de demain.

Jamais bien loin, le soleil, levé tard sans doute à cause d’une fête du printemps un peu arrosée, daigna se montrer en début d’après-midi. Jusque-là, on pouvait parler d’une météo plutôt nanto-bretonne : pas de trombes d’eau mais pas l’été 76, non plus.

Retrouvailles émues avec l’hôtel de la première nuit sicilienne : un festin nous attendait, un chœur d’opéra conduit par le maître Mutti en personne ainsi qu’un Silvio Berlusconi sur la fin mais au sourire toujours aussi carnassier. Sans l’intervention des élèves de troisième, nous n’aurions pas dormi de la nuit, gorgés de Marsala sans alcool, de Limoncello per bambini et de Lambrusco sans bulles.

M.Décha