Lycée Gabriel Guist'hau

Lycée D Enseignement General – Nantes

Pays de la Loire
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Jour 2 : le premier joint

Non, il n’est pas question ici de valoriser l’utilisation de stupéfiants comme des esprits mal placés pourraient le penser. C’est de jonction qu’il s’agit ici : entre deux mondes, d’abord, l’antique et le contemporain par l’intermédiaire de monuments disparus tout ou partie comme le respect corporel d’une troupe de 50 non douchée mais suante, d’endroits recyclés parfois, comme le sac si glamour en papier maronnasse utilisé pour transporter un semi-remorque de photocopies soigneusement froissées aussitôt distribuées au fond de sacs déjà refuges de morceaux de sandwich de la veille ou de chips esseulées.

Jonction ensuite entre les jeunes secondes et les bientôt ex-terminales par l’intermédiaire de premières qui manient à la fois la gaudriole raisonnable des juniors et le sérieux déjanté des têtes presque grises qui les précèdent au bac.

Jonction surtout entre la nuit et le jour en arrivant ce matin à 5 (cinq !!!) heures dans une ville forcément endormie… (comment il l’a peinte, Van Gogh ? De nuit ! C’est bien une preuve !) contrairement à nous, qui avons vécu l’enfer du coup de frein face à des travaux intempestifs, à des dangers à quatre roues, à des ronds-points pénibles.

Mais la brume sur le Rhône, l’aurore aux doigts grisâtres (à défaut), l’ivrogne local à l’enthousiasme fatiguant si tôt, dame, ça valait le coup !

Et puis on a pu faire un tour un peu bruyant dans les rues désertes de la Theline grecque, devenue Arelate romaine(1), ce qui nous charma.

Il faut dire que le commentaire au micro dans le car comme à pleine voix à l’extérieur était assuré par des profs formidables et sveltes -ce qui n’a rien à voir, mais quand on est en concurrence avec la statuaire antique, on n’a pas le droit de se négliger, eh oh.

Certes, il a fallu expliquer que les thermes de Constantin n’étaient pas le nom d’un dictionnaire, que les champs d’oliviers à Glanum ne s’écoutaient pas en Bluetooth (2) et que décidément, les ruines, ç’a l’air parfait pour la pratique du parkour mais c’est déconseillé si on a le souci de la conservation du patrimoine.

Une fois ce fainéant de soleil levé (il n’a pas traversé la moitié de la France dans nos conditions, lui), il a brillé, chauffé, coloré chacun et chacune, écrevisse ou homard ce soir cuite et cuits à point donc, malgré les hectolitres de crème solaire, les lunettes, les casquettes sur la tête (non, pas « alouette 🎵 » !).

Quand vous saurez que ces crapules de Provence ne proposent pas de beurre salé au petit dej aux touristes de Naoned mais que le même resto est capable de servir 52 entrées, bolo dont 4 végé et tartes aux pommes avec une efficacité proche de celle de l’ado face à sa console de jeu après trois heures de privation ; quand on aura appris que la maison Soulier d’Arles ne fait pas dans la godasse mais dans la glace, approuvée par l’ensemble de la cohorte, même un quart d’heure après le repas, que la dite cohorte a une hygiène bucco-dentaire irréprochable qui monopolise tout de même quelques heures les toilettes de la ville, on pourra conclure la lecture de ce bilan sur l’excellente nouvelle que l’hôtel, « c’est chouette, surtout avec les potes » (in Anonyme, Cent messages rebelles pour la liberté dans le monde, 2022).

On pourra alors aller se coucher bien après nous qui tombons de sommeil et allons rêver de la riche journée de demain à Orange et Vaison.

(1) oui, mine de rien, on en apprend des trucs pour gagner le jeu des mille euros spécial « antiquité passionnément ».

(2)on vous épargne le rappel sur le fait que les Baux de Provence n’étaient pas le concours, local et masculin, de Miss France ou que Cybele n’a jamais été pas la veuve esseulée et discrète de Décibels.